histoire odile

Voici l'histoire du début de la restauration d'un GT4 (1300) par notre ami Laurent Outang ou dégoutant, non Reiser, dit Tux.

Restauration de mon GT4

Un peu d'histoire...

Nous savons tous qu'Alpine a produit quelques GT4 équipés du moteur 1255 Gordini. Ces autos ont pour particularité d'avoir un châssis répertorié en 10xxx. 13 autos ont ainsi été produites par l'usine. Jean-Marc Merger essaie avec un succès certain de les recenser. Mon GT4 porte le numéro de série 10390 et le numéro de caisse 245, confirmés par Dieppe.Il fait donc partie des "13". Cette auto est sortie le 29/12/1967 et son équipement comprenait entre autre une boite 5 vitesses et la fameuse suspension dite "mille Miles". Elle est sortie en couleur bleue.
Cette auto a connu une fin de vie plutôt mouvementée et a fini dans le parc d'une démolition automobile au milieu des années 80 suite à un accident qui a très fortement endommagé la carrosserie. Plaques signalétiques et carte grise furent récupérées et s'évanouirent dans la nature ensoleillée du midi de la France... La voiture fut alors gentiment pillée au cours des semaines qui suivirent et a vu tous ses équipements disparaître au fil du temps. Un mécanicien décide alors de s'en occuper et refait entièrement le châssis qui vraisemblablement a été touché dans l'accident. Mais le travail s'arrête là, et l'auto est stockée à l'air libre pendant de longues années, se dégradant chaque jour un peu plus.
J'apprends la mise en vente de l'auto (ou du moins ce qu'il en reste...) au mois d'août 2007. Bon sang, depuis le temps que je pense à ces Alpine, que faire ? Je n'ai pas prévu d'acheter d'auto à ce moment là, il faut convaincre madame (pas facile non plus...), trouver le budget et surtout... se dépêcher car un drôle d'oiseau tourne également autour et se montre lui aussi intéressé. Ce drôle de volatile n'est autre que mon ami Patrick (membre de l'AVC), désireux lui aussi de se mettre aux anciennes, maintenant que sa magnifique A310 VE est neuve jusqu'au dernier boulon. Diantre, l'affaire se corse ! Vite, avoir des infos auprès de Jean Marc et de Jean-Claude Rehlinger ! Allez hop, je me décide et je sors les « pépettes ». L'affaire est conclue.
Me voici donc propriétaire d'une épave de GT4, sans carte grise ni plaques, avec juste une caisse, deux portes, un semblant de capot arrière et un châssis...Tout le monde m'a traité de "fada" (NDLR : sans déc ?) ! L'ami Patrick se consolera très vite dans une A310 V6 et dans un joli cabriolet A108 à restaurer.

1La "belle" (sic !) au moment de son achat

2 NDLR : comme neuve !

Point sur la situation avant la restauration

Tout d'abord, faisons le point des pièces encore présentes sur l'auto (NDLR : pourquoi, y'en a ?) : je trouve les bols de phares, un restant de faisceau électrique, le radiateur de chauffage avec son mécanisme, la colonne de direction, un demi comodo, le réservoir d'essence, les tirants arrières de châssis et les deux platines de feux arrières. Le tout en très mauvais état, bien entendu... (NDLR : Ah bon !)
Coté carrosserie, on fait vite le tour : une caisse pas bien jolie, deux portes avec les montants latéraux de custodes avant, un capot arrière et les garnitures de passage d'ailes.
Le châssis a donc été refait il y a quelques années et comporte les deux triangles avants avec disques et freinages complet, les deux ressorts de suspension et la barre stabilisatrice avant. Une ou deux soudures sont a reprendre sur le berceau arrière.
Je me mets en quête d'informations plus complètes sur l'auto afin de mieux cerner dans quel pétrin je me suis fourré... (NDLR : mais non, mais non...) J'ai l'agréable surprise de voir notre Jean-Marc national passer me voir durant l'automne et donc se rendre compte des travaux à effectuer : très calmement, il m'annonce que je pars pour au moins 5 ans de boulot. et que "y a bien du boulot !" (NDLR : c'est bizarre, j'aurais pas cru, moi !) Ça tombe bien c'est ce que je prévoyais aussi. Patrick est passé avant lui car, grâce à ses connaissances sans limites du travail de la fibre de verre, je pouvais me faire une vague idée de ce qui m'attendait au niveau carrosserie et nous convenons alors une mutualisation de nos moyens pour avril 2008. C'est décidé, il va venir m'apprendre à travailler correctement ce matériau, car mes acquis dans ce domaine frisent le niveau des pâquerettes. Super mon ami ! ! !
Vont aussi intervenir principalement Jean-Pierre Roubaud qui a quelques docs sur le châssis GT4, bien entendu Jean Claude Rehlinger et sa culture immense, Thierry Darmaizin qui va me prêter avec gentillesse son capot avant pour en tirer un moule (car manquant sur mon auto) et Romuald qui me montre avec toutes ses photos les travaux qu'il a lui même entrepris sur ses différentes GT4.
Je monte en parallèle de tout cela un dossier pour la FFVE afin d'avoir une carte grise collection. Le précieux sésame me sera accordé durant l'hiver. Je m'étais fixé de ne pas entamer de gros frais avant d'avoir le certificat, histoire de ne pas se retrouver le bec dans l'eau en cas de refus.
Je commence à amasser quelques pièces de Caravelle (NDLR : que vient faire Christophe Colomb là-dedans ?) entre autres, des compteurs et divers bricoles pour le futur et je me fixe un plan de bataille plus ou moins large – car, je sais à peu près comment se déroule une restauration pour y être déjà passé (NDLR : grave, sévère, le Tux !) – avant d'aller plus avant :
- faire le point de toutes les réparations à effectuer sur la carrosserie et contrôler si celle-ci n'est pas vrillée suite aux chocs et au stockage qu'elle a subi
- contrôler le châssis avec les côtes et voir si celui-ci aussi n'est pas tordu, bien qu'il ait été refait par le passé
- restaurer la carrosserie jusqu'à arriver juste avant la phase "apprêt" (NDLR : humour ! Avant, apprêt..., bon, laissez tomber !)
- équiper le châssis de tous ses éléments mécaniques (moteur, boîte, suspensions, freinage...)
- remettre la caisse sur son châssis
- refaire le faisceau électrique
- finir par le remontage complet du freinage et de tous les éléments ne pouvant être mis en place auparavant.
- peinture et on tourne la clé, pour voir... (NDLR : juste pour voir...)

Attaquons la carrosserie

Je vais faire l'inventaire des travaux importants à réaliser sur la carrosserie :
- la face avant présente un gros trou dans le passage d'aile du côté passager : la fibre a dû être arrachée lors de l'accident et le manque de matière est conséquent; de plus le montant de coffre sous le radiateur de chauffage a déjà été réparé (est-ce bien le bon mot ?) par le passé et de la fibre a été encollé à cet endroit, de la manière la plus lamentable possible : en effet il n'y a pas eu de ponçage pour la faire tenir sur l'origine et l'épaisseur de "choucroute" à cet endroit fait au moins un bon centimètre
- toujours coté passager, le bas de caisse entre le raccord d'aile et le montant de charnière est arraché et la fibre complètement délaminée
- un peu plus loin, toujours sur le bas de caisse, on trouve une grande entaille avec là aussi arrachement de la fibre. La caisse présente ici une pliure, signe d'un possible affaissement et d'une déformation du plus mauvais augure
- continuons sur notre lancée, l'aile arrière coté droit est fracturée sur environ 30 cm.
- la jupe arrière est dans un état plus que précaire avec un arrachement de matière sur au moins 10 cm. de large sur 40 cm. de long coté droit et un autre arrachement beaucoup plus petit de l'autre coté. Elle n'a plus aucune rigidité, c'est du vrai chewing-gum. Le plot de fixation du pare choc coté droit a disparu ainsi que la reprise inférieure vers la caisse
- tournons encore autour de la voiture pour découvrir une autre fissure assez importante dans le dessous de custode gauche au niveau du bas de caisse
- les planchers sont très abîmés et fissurés à plusieurs endroits
- plusieurs endroits ont déjà subi les assauts de carrossiers plus ou moins confirmés à voir la quantité de mastic et de "choucroute" que l'on peut trouver
- et bien sûr, la fibre est très attaquée sur le pavillon et sur le nez avant. Le ponçage promet de longues heures de bonheur (NDLR : étonnante conception du bonheur, comme quoi, les goûts et les couleurs...)

3 NDLR : le chassis a l'air "nickel" !

4 NDLR : manque vraiment pas grand-chose !

Mon ami Patrick vient passer une huitaine de jours à la maison pour me donner la main sur l'auto et m'apprendre les techniques de la fibre de verre. Je me fie donc complètement à ses conseils avisés, vu la très grande expérience qu'il a dans ce domaine.
A ce stade, je pense devoir confectionner un tourne-broche (NDLR : évidemment, mon poulet !) sur lequel j'aurais fixé châssis et caisse afin d'opérer un retournement sans risque de l'ensemble. En effet, en raison de l'état de fragilité extrême de la caisse, j'ai peur de la voir se fracturer définitivement en deux. (NDLR : la peur n'évite pas le danger, bien au contraire...) J'ai donc acheté tout le matériel pour en confectionner un, j'avais pris des photos d'un tourne-broche de berlinette, calculer les déports, etc...
Patrick pense que l'on peut tenter le coup de la retourner doucement sans le châssis. En y allant très progressivement on verra comment se comporte la caisse en regard de son état. Et là, bonne nouvelle : la vieille dame apparaît de bonne volonté et se comporte de la meilleure manière qui soit ! Le tourne-broche sera donc inutile. Du temps de gagné ! (NDLR : c'est dommage, t'as tout ton temps.) Le GT4 va donc rejoindre l'abri couvert dans lequel il va séjourner plusieurs mois avant de commencer sa cure de jouvence.

5 Voyons Mademoiselle, un peu de tenue...

6 Oh, un trou ! !...

7 Et çà continue, encore et encore, c'est que le début, d'accord, d'accord... (NDLR : trente-six quatre ailes !)

8 Des p'tits trous, des p'tits trous, toujours des p'tits trous... (NDLR : Serge Gain s'bourre ! Un max, d'ailleurs !)

Nous posons alors au sol un petit support réalisé avec deux grandes planches de coffrage de maçons, bien larges et nous disposons la caisse dessus en observant les réactions de la "mémère" (NDLR : un peu de respect, que diable !) en guettant le moindre craquement suspect. Tout se passe bien.
Nous pigeons de manière grossière la caisse afin de voir si on décèle une quelconque déformation ou vrillage : rien ne nous paraît anormal et nous décidons alors de poser le capot avant que m'a prêté Thierry et le pare-brise de Caravelle (NDLR : comme si les navires de Colomb avaient un pare-brise ! N'importe quoi !) ainsi que le joint pour voir si tout va bien. Deuxième bonne surprise : les deux éléments se posent bien, le capot ne montre pas d'affaissement dans la caisse car il s'ajuste très bien dans son logement, les mesures entre les différents points sont bonnes. Quant au pare-brise, il prouve par sa mise en place que le pavillon n'est pas vrillé. Ouf ! ! (NDLR : bon alors, de quoi tu t'plains ?)

9 Bonne volonté, ce GT4...

Décision prise à ce moment : "On la retourne" (NDLR : j'savais bien qu'il était pervers, ce Tux !)
Nous la dépouillons alors de tout ce qui reste dans l'auto comme les bols de phares, le restant de faisceau etc... afin de n'avoir que la caisse seule. On réalise alors un genre de matelas avec du "Stirodur" que nous disposons sous le coffre avant et sous le coffre arrière. Patrick a ramené ses gros tréteaux métalliques sur lesquels on passe deux profilés métalliques prévus initialement pour le tourne broche. Nous laissons le pare-brise en place pour aider à la rigidité.

10 NDLR : ça ressemble vraiment à rien !

11 NDLR : c'est une bonne base de travail, non ?

12 NDLR : c'est pas à jeter, ça ?

13 Le raccord bas de caisse/aile avant est bien malade...

14Voir sous les jupes des filles... (NDLR : et maintenant, Alain Souchon !)

15Vue de la jupe arrière : pas très encourageant...

16Là, il y a du boulot !

17On dirait qu'il manque quelque chose là aussi...

18Les cötés ne devront pas être oubliés non plus...

19Un gros soucis à cet endroit, la caisse présente une déformation qui n'inspire pas confiance

Voilà pour le principal. Maintenant on y est, on met les gants, on sort les outils et on s'y colle ! (sans jeu de mots). Patrick avait estimé les quantités de matériaux à commander pour réaliser les plus gros travaux sur la caisse. J'ai ainsi prévu :
– 37m² de mat de fibre en 450 grammes
– 15m² de mat en 300 grammes
– 27m² de rowing en 300 grammes
– 15 m² de tissus d'arrachage
– 25kg de résine avec le durcisseur spécifique
– 10kg de colle spéciale
Je me suis fourni auprès d'un fournisseur qui travaille principalement dans l'industrie nautique, sur les hors-bords et bateaux en fibre de verre : il s'agit de la société Composites 64 basée à Hasparren (64240).
M. Romain Chapron est toujours disponible pour un conseil fort avisé : (composite64@gmail.com).
– 5 kg de gel-coat de moulage
– de la cire de démoulage
En parallèle de toutes ces observations, le châssis est contrôlé un peu plus sérieusement et ne présente pas de défaut hormis les deux points de soudure qui seront à reprendre sur le berceau arrière. Afin de faire le meilleur travail possible, nous décidons Patrick et moi de mettre le châssis en place dans la caisse, profitant que cette dernière nous montre ses dessous... (NDLR : vraiment pervers, le gérontophile alpinesque !) Ainsi nous saurons où exactement sont situés les points d'ancrage et surtout où vient se loger le châssis et les espaces disponibles. Sitôt dit, presque aussitôt fait...

Cliquez sur les images pour les visualiser en format plus grand.

La suite de la folle restauration du GT4 par le non moins sérieusement atteint Tux, c'est par ici

 

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